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La poursuite de la coopération mondiale de l’APEC

Date de publication: 9 septembre, 2020
Auteur: Justin Kwan

Alors que la COVID-19 fait des ravages dans l’économie mondiale, le besoin de coopération internationale a rarement été aussi urgent. Un récent rapport de l’APEC prévoit une contraction de 3,7 % de l’économie de la région, soit une perte de production totale de 2 900 milliards de dollars US en 2020. La toute première réunion virtuelle des ministres responsables du commerce entre les ministres du Commerce de 21 économies de l’APEC est une étape encourageante vers une reprise post-COVID-19. Lors de la réunion, les ministres du Commerce de l’APEC ont réaffirmé leur engagement à faciliter la circulation des biens et des services et la nécessité d’un environnement commercial stable et prévisible.

La guerre commerciale en cours entre les États-Unis et la Chine a fait de l’APEC un champ de bataille entre les deux. Le forum n’était pas parvenu auparavant à un consensus sur un communiqué commun pendant la Semaine 2018 des leaders de l’APEC. Toutefois, la récente réunion des ministres responsables du commerce et l’engagement en faveur du multilatéralisme sous le leadership de la Malaisie envoient un signal tardif en faveur de la collaboration. L’APEC a maintenant une occasion unique de relever les défis par la diplomatie et ses ressources afin d’accroître et de faciliter la coopération dans des domaines précis au cours de la prochaine étape de la reprise après la pandémie.

Premièrement, l’APEC peut fixer des objectifs intermédiaires pour faciliter le retour des voyages. Selon l’Organisation de l’aviation civile internationale, la COVID-19 devrait faire réduire le nombre de réservations des compagnies aériennes d’au moins 46 % à 51 %, avec une réduction globale de 2,6 à 2,8 milliards de passagers. Alors que les restrictions et les mesures de confinement étouffent l’aviation internationale et réduisent les recettes d’exploitation d’un montant estimé entre 352 et 390 milliards de dollars US, le rétablissement de la circulation des personnes est une étape nécessaire sur le long chemin qui mène à la normalité.

En s’appuyant sur les réalisations de la Carte de voyage d’affaires de l’APEC (CVAA), qui facilite l’entrée des voyageurs d’affaires dans la région de l’APEC, les économies qui ont réussi à contrôler la COVID-19 peuvent servir de pilotes pour tester le concept croissant de bulles de voyage. La CVAA nécessitant l’approbation de chacune des économies membres, ce cadre existant peut contribuer à la coordination intergouvernementale.

Les économies de l’APEC qui ont géré leurs cas de COVID-19 peuvent piloter des programmes de bulles de voyage plus petits qui, s’ils réussissent, pourraient éventuellement être étendus des voyages d’affaires à un programme de voyageurs plus étendu, approuvé par le gouvernement. Au lieu que les gouvernements individuels tentent à plusieurs reprises d’élaborer des accords bilatéraux séparés sur les bulles de voyage, les économies de l’APEC peuvent bénéficier du cadre existant de la CVAA.

Deuxièmement, avec l’impact de la COVID-19 sur les micro, petites et moyennes entreprises (MPME), l’APEC devrait continuer à encourager la transition structurelle à long terme des petites entreprises vers l’économie numérique émergente. Comme les politiques gouvernementales sur la distanciation sociale et physique limitent la consommation, les MPME traditionnelles qui reposent sur les interactions en personne sont menacées par le confinement. La région de l’APEC étant composée à 98 % de MPME qui emploient plus de 60 % de la main-d’œuvre de la région, les gouvernements mettent en place des mesures de relance budgétaire pour maintenir à flot les MPME, qui constituent l’épine dorsale de nombreuses économies.

Bien avant la pandémie, le Groupe de travail sur les petites et moyennes entreprises (GTPME) de l’APEC a mis l’accent sur la transformation numérique des entrepreneurs et des MPME, ainsi que sur l’innovation dans l’économie numérique. Mais comme le commerce en ligne et les solutions numériques émergent en réponse à la restriction des déplacements et à la perturbation des environnements de travail, le développement des compétences et la formation seront nécessaires si les MPME veulent réussir sur le marché international en rapide évolution.

Le GTPME devrait continuer à encourager un cadre que les gouvernements peuvent utiliser pour soutenir les MPME pendant cette période critique. L’APEC ferait également bien de réexaminer des initiatives telles que le Programme d’action de Boracay pour la mondialisation des MPME, qui peut fournir une mine de connaissances permettant aux MPME de s’orienter vers les nouveaux moteurs de croissance internationaux créés en raison de l’accélération de l’économie numérique causée par la COVID-19.

Enfin, l’APEC fait preuve d’une prévoyance et d’un leadership précieux en continuant à soutenir le dialogue multilatéral par l’adoption de nouvelles technologies numériques. La Nouvelle-Zélande, qui accueille l’APEC 2021, a déjà pris la décision de s’engager entièrement dans la programmation en ligne pendant son année d’accueil. Avec des frontières internationales fermées et une quarantaine qui rendent les forums en personne incertains, le multilatéralisme numérique permettrait de faire face aux menaces régionales et mondiales, et d’aider les économies de l’APEC à trouver un terrain d’entente.

La Malaisie et la Nouvelle-Zélande ayant relevé le défi d’accueillir l’APEC pendant la pandémie, elles soulignent l’importance de poursuivre la coopération multilatérale. À l’heure où la fermeture des frontières, la montée du nationalisme et les mesures protectionnistes entraînent une montée de l’unilatéralisme, le rôle des puissances moyennes dans l’organisation de réunions virtuelles de haut niveau favorisant l’harmonie économique est essentiel pour garantir qu’il n’y ait pas de pause dans le dialogue mondial et pour servir de médiateur dans la conversation entre les économies membres.

Bien que les répercussions politiques et économiques de la pandémie soient plus vastes et plus graves que les crises passées, l’APEC devrait prendre des mesures pour renforcer la coopération. Sa diplomatie peut contribuer à renforcer la confiance et l’élan politique en faveur de la collaboration en jetant les bases de relations plus approfondies. L’APEC et ses 21 économies ont à la fois l’expertise et les capacités nécessaires pour établir une norme exemplaire en matière de reprise durable.

Cet article a été publié pour la première fois au Forum de l’Extrême-Orient le 5 septembre 2020.

Les opinions exprimées ici sont celles de l’auteur et ne représentent pas nécessairement celles de la Fondation Asie Pacifique du Canada.

Justin Kwan
Justin Kwan

Justin Kwan est gestionnaire de programme à la Fondation Asie-Pacifique du Canada où il dirige le Projet APEC-Canada pour l’expansion du partenariat des entreprises.