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L’élargissement du rôle des micro, petites et moyennes entreprises offre des occasions de développement durable

Date de publication: 21 septembre, 2017
Auteurs: Vilupti Christina Lok Barrineau, Gisèle Yasmeen

Auteures : Gisèle Yasmeen, Vilupti Lok Barrineau

La Coopération économique Asie-Pacifique représente 40 % de la population mondiale, 50 % du commerce mondial et 60 % du PIB mondial. Au cours du dernier quart de siècle, l’APEC a façonné et transformé l’économie mondiale et aidé un demi-milliard de personnes à se sortir de la pauvreté.

Peu de Canadiens connaissent bien l’APEC, même si le Canada a été l’un de ses membres fondateurs en 1989. L’organisation, qui vise ultimement l’intégration économique régionale, recèle d’énormes possibilités pour les entreprises canadiennes puisqu’elle agit en tant que moteur de l’innovation et de la croissance durable dans les 21 économies membres interconnectées. Elle constitue un véritable véhicule axé sur la promotion des intérêts stratégiques du Canada dans la région Asie-Pacifique.

Cependant, alors que les organisations multilatérales se développaient, le Canada ne s’est pas fortement investi dans l’APEC. Mais cela est en train de changer.

La réunion ministérielle de l’APEC, qui se tiendra cette semaine à Hô Chi Minh-Ville, au Vietnam, se concentrera sur les micro, petites et moyennes entreprises, ou MPME, des hémisphères nord et sud. Les MPME sont les moteurs de la croissance et de l’innovation dans la région de l’APEC, où quelque 110 millions de MPME, dont beaucoup sont dirigées par des femmes et des jeunes, sont sur le point de changer la trajectoire de croissance économique actuelle. Dans toute la région, y compris au Canada, les MPME sont les piliers de l’économie, employant la majorité de la population et représentant une part importante du PIB.

À l’heure actuelle, l’un des secteurs les plus dynamiques pour les MPME est l’alimentation et l’agriculture. Les MPME agroalimentaires sont cruciales dans les pays riches et les pays à revenu faible et intermédiaire pour assurer la sécurité alimentaire, répondre à la demande croissante pour des produits agricoles et des produits alimentaires à valeur ajoutée et réduire la pauvreté en générant des revenus au moyen de stratégies de croissance inclusive.

Le Projet APEC-Canada pour l’expansion du partenariat des entreprises témoigne de l’investissement renouvelé du Canada dans le domaine des MPME. Le projet de quatre ans est conçu pour construire et développer la communauté des MPME dans la région de l’APEC en augmentant leur accès au marché, particulièrement pour les MPME appartenant à des femmes et à des jeunes, et en les aidant à réduire la pauvreté dans la région.

Financé par Affaires mondiales Canada et géré par la Fondation Asie Pacifique du Canada et le Secrétariat de l’APEC, le programme approche maintenant de la fin de sa première année. Cette semaine, des membres de notre équipe seront à Hô Chi Minh-Ville pour présenter, aux ministres de l’APEC, les résultats de la recherche sur les MPME agroalimentaires.

En particulier, les MPME agroalimentaires revêtent une importance stratégique et font partie intégrante des chaînes de valeur alimentaires et des sources de revenus durables. Par exemple, 99,5 % des entreprises enregistrées aux Philippines sont des MPME. On observe des proportions semblables au Pérou. La majorité de ces entreprises relèvent du secteur agroalimentaire. Ces statistiques n’incluent même pas les millions d’entreprises informelles qui existent dans les pays à revenu faible et intermédiaire et qui représentent souvent un gage de survie pour les pauvres.

Même des pays comme le Canada ont une économie informelle. Statistique Canada évalue d’ailleurs celle-ci à 42,4 milliards de dollars (2012). Les femmes jouent un rôle clé en tant que consommatrices et productrices en amont et en aval de la chaîne de valeur agroalimentaire, et les jeunes de partout dans le monde s’intéressent de plus en plus au secteur.

Il existe un certain nombre de questions d’intérêt public entourant les MPME agroalimentaires dans la région de l’APEC. Pour les pays à revenu faible et intermédiaire, l’augmentation des revenus ruraux grâce à des investissements dans les cultures à valeur ajoutée et l’amélioration de la productivité est une préoccupation centrale, tout comme l’investissement dans des technologies postrécolte simples pour réduire les déchets importants dans la chaîne alimentaire.

La réduction du gaspillage alimentaire peut également aider à atténuer les impacts environnementaux négatifs associés à la production et à la distribution des aliments. L’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture rapporte qu’au moins un tiers de tous les aliments — environ 1,3 milliard de tonnes par an — est gaspillé avant même d’atteindre les consommateurs. Pour certaines cultures, comme les fruits et légumes, le taux de gaspillage peut atteindre 45 %. Les investissements dans les infrastructures, la réfrigération et le stockage (avec le soutien technique associé) peuvent grandement contribuer à une plus grande accessibilité de la nourriture et stimuler la création de MPME tout au long de la chaîne de valeur.

Dans une perspective de valeur ajoutée plus « en aval », l’urbanisation et la croissance des classes moyennes dans la région de l’APEC, y compris dans les pays à revenu faible et intermédiaire, offrent d’incroyables occasions nationales et d’exportation en raison de la croissance exponentielle de la consommation alimentaire. Des pays comme le Vietnam, par exemple, connaissent des « essors alimentaires ».

Les Vietnamiens dépensent désormais trois fois plus d’argent pour l’alimentation qu’en 2004. Les dépenses par habitant en aliments et boissons non alcoolisées devraient augmenter de 7 % par an, le secteur de l’alimentation et des boissons devant atteindre un taux annuel moyen de croissance de 18 %. Néanmoins, 85 % des consommateurs vietnamiens achètent de la nourriture dans les canaux de vente au détail traditionnels, comme les marchés de produits frais et les magasins en bordure de route, dont beaucoup opèrent de manière informelle.

Nous avons également constaté que les consommateurs de la région de l’APEC sont de plus en plus conscients des problèmes environnementaux et qu’une grande majorité de jeunes consommateurs (60 % au Pérou, par exemple) adopteraient avec plaisir les magasins et les produits écologiques, ouvrant la voie à l’exploitation d’entreprises vertes.

À l’heure actuelle, notre défi est de tirer parti de nos propres connaissances et savoir-faire pour faire en sorte que tous puissent profiter de l’essor grandissant des MPME. En tant que partenaire de l’APEC qui soutient une croissance et un développement inclusifs et durables, il est essentiel que nous reconnaissions l’importance des entreprises informelles, en particulier dans les économies à revenu faible et intermédiaire. Il importe d’autant plus que nous soutenions la transition de ces MPME vers des structures plus officielles, évolutives et prêtes à exporter, et ce, sans compromettre les moyens de subsistance des populations pauvres.

Grâce à son expertise établie en innovation technologique, en entrepreneuriat et en développement vert, le Canada a la possibilité de renforcer la compétitivité des MPME et leur participation à la production et au commerce transfrontaliers dans l’économie numérique.

Il s’agit là d’une occasion qui profitera à nos partenaires de la région et à nos entreprises d’ici; occasion qu’il ne faut pas rater.

Cet article a été publié pour la première fois dans The Hill Times, le 12 septembre 2017.

 

The views expressed here are those of the author, and do not necessarily represent the views of the Asia Pacific Foundation of Canada.

Vilupti Christina Lok Barrineau
Vilupti Christina Lok Barrineau

Vilupti Christina Lok Barrineau is Vice-President, Operations at the Asia Pacific Foundation of Canada, and a former Director responsible for the Foundation’s work on MSMEs. She is an international expert on the topic and has worked worldwide with global organizations such as the United Nations and the Bill and Melinda Gates Foundation.

Gisèle Yasmeen
Gisèle Yasmeen

Gisèle Yasmeen is Senior Fellow at the University of British Columbia’s Institute of Asian Research, and a consultant to APF Canada.