Canada and Vietnam Establish New Comprehensive Economic Partnership: Inclusivity, Sustainability, and AI in the Context of MSMEs

Nouveau partenariat économique intégral du Canada et du Vietnam : Inclusion, durabilité et intelligence artificielle dans le contexte des MPME

Date de publication: 12 août, 2019
Auteur: To Trieu Hai (Tracy) Ly

Du 8 au 11 novembre 2017, le premier ministre Justin Trudeau a effectué une visite historique au Vietnam où il a annoncé un partenariat économique intégral avec le premier ministre vietnamien, Nguyen Xuan Phuc. Après 44 ans de diplomatie, le Canada et le Vietnam élèvent leurs relations à un nouveau niveau, espérant accroître la prospérité des deux pays grâce au commerce et aux investissements.

Le Vietnam est le principal partenaire commercial du Canada au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est. En 2016, le Vietnam et le Canada ont réalisé un commerce bilatéral de 5,5 milliards de dollars canadiens. Le Vietnam est l’économie qui connaît la croissance la plus rapide de la région et affiche un taux de croissance annuel du produit intérieur brut (PIB) compris entre 6,2 % et 6,5 %. La classe moyenne et aisée en pleine expansion du pays devrait passer à 33 millions de personnes d’ici 2020. Il existe donc de nombreuses occasions d’affaires et d’autres types d’engagements mutuels pour le Canada sur le marché vietnamien.

La diversification du commerce avec l’Asie est l’une des principales priorités du premier ministre Trudeau. Par conséquent, on encourage de plus en plus les étudiants canadiens à acquérir une expérience internationale dans les économies émergentes d’Asie. Les entreprises canadiennes se tournent également vers l’Asie pour y trouver des occasions. Le Vietnam est devenu le premier marché pour les intérêts canadiens dans l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) en raison des politiques du pays axées sur les investissements directs étrangers (IDE) et de sa position

Les MPME sont la clé d’un nouveau partenariat

L’engagement dans le développement des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) du Vietnam sera la clé des efforts de collaboration du nouveau partenariat.

Les MPME au Vietnam représentent 98 % du total des 600 000 entreprises enregistrées dans le pays. Elles génèrent 40 % du produit intérieur brut (PIB) national et 30 % du budget de l’État, et emploient 77 % de la population active. Les réformes gouvernementales continues ont conduit à une prolifération des PME. Leur nombre a atteint un record de 110 100 en 2016, soit une augmentation de 16,2 % par rapport à l’année précédente, selon le ministère de la Planification et des Investissements.

Dans l’espoir de s’implanter solidement en Asie, le Canada s’est engagé à développer les MPME au sein de la communauté de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) avec un projet APEC-Canada pour l’expansion du partenariat des entreprises de quatre ans. La première année du projet se concentre sur le Vietnam. La Fondation Asie Pacifique du Canada, qui supervise le projet avec le secrétariat de l’APEC, a organisé divers symposiums et séances de formation au Vietnam pour aider les MPME à renforcer leurs capacités concurrentielles grâce à l’innovation et à la technologie.

Malgré leur rôle essentiel dans la prospérité économique du Vietnam, les MPME ont des faiblesses inhérentes qui doivent être corrigées. Elles ont une faible capacité d’innovation car la majorité des MPME au Vietnam sont dirigées par des traditionalistes, généralement des hommes très instruits qui manquent d’expérience internationale. L’écosystème des entreprises est fortement dominé par ces entrepreneurs masculins, ce qui réduit les possibilités d’entrepreneuriat pour les jeunes et les femmes. Les jeunes entrepreneurs manquent d’expérience dans la gestion d’une entreprise avec des services de soutien limités. Les femmes, qui ont tendance à créer des entreprises par nécessité, ne sont généralement pas motivées par l’innovation. Selon le Global Entrepreneurship Monitor (GEM) de 2016, 43,8 % des femmes entrepreneures interrogées au Vietnam sont plus susceptibles de participer à des entreprises par nécessité, contre 28,3 % des hommes entrepreneurs interrogés. En outre, il existe un fossé de connaissances entre les employeurs et leurs employés. Alors que la plupart des entrepreneurs sont très instruits, leurs employés ont peu d’éducation et des compétences inadéquates, un revers majeur alors que le Vietnam ouvre la voie à l’industrialisation 4.0.

Ces inconvénients majeurs ont empêché les MPME vietnamiennes d’entrer dans les chaînes de valeur mondiales. En 2017, seuls 21 % avaient établi des liens avec les chaînes d’approvisionnement mondiales, contre 30 % en Thaïlande et 46 % en Malaisie. Il est juste de dire que le développement des MPME vietnamiennes souffre du fait qu’elles sont largement déconnectées des marchés et des réseaux mondiaux.

Le PTP11 révisé, qui est maintenant appelé l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), s’engage à aider les MPME à explorer davantage de possibilités de commerce et d’investissement. Le Canada, avec son expertise en matière d’innovation, d’entrepreneuriat et de technologie verte, peut encadrer les MPME au Vietnam afin de créer un écosystème axé sur l’innovation et la passion.

Quels changements doit-on poursuivre?

Premièrement, le soutien aux jeunes et aux femmes entrepreneurs, fourni par le gouvernement du Vietnam avec l’aide du gouvernement fédéral du Canada, doit être amélioré. La domination des hommes entrepreneurs âgés de 35 ans et plus a créé un écosystème rigide et traditionnel. Les jeunes entrepreneurs sont plus susceptibles de s’engager dans l’application des technologies. Selon l’Enquête nationale 2017 sur les entrepreneurs et les MPME au Vietnam, 68 % des jeunes entrepreneurs utilisent des technologies avancées telles que les applications mobiles, l’Internet et les technologies de conception, contre 63 % des entrepreneurs plus âgés. En raison du manque de réseaux d’entreprises, ils sont plus susceptibles de rechercher des ressources en ligne et de tirer profit des outils et des plateformes en ligne. Selon le rapport 2016 du GEM, les jeunes entrepreneurs sont plus susceptibles de saisir les occasions entrepreneuriales, facilitant ainsi la croissance des jeunes entreprises. Ils seront les principaux innovateurs de l’économie vietnamienne au cours des 15 prochaines années.

Les femmes entrepreneures sont moins susceptibles de tirer profit des ressources en ligne que leurs homologues masculins et s’engagent généralement dans des activités commerciales par nécessité. Au Vietnam, les femmes sont préoccupées par les soins à apporter à leur famille et sont censées rester en coulisse pour soutenir leurs enfants et leur mari. Cela entrave leur croissance entrepreneuriale. Des services de formation pour les femmes entrepreneures sont nécessaires pour leur enseigner les compétences en matière d’innovation et de technologie nécessaires pour rendre leurs entreprises compétitives. Grâce à ces nouvelles compétences, les femmes auront davantage confiance en elles et seront plus conscientes de leur rôle important dans le processus d’innovation au Vietnam. De même, il faut accroître les possibilités offertes aux femmes entrepreneures dans les secteurs à prédominance masculine, tels que les services professionnels et commerciaux, le commerce de détail ou de vente en gros et la construction.

Le Canada, qui défend l’autonomisation des jeunes et l’égalité des genres, est bien placé pour aider les entrepreneurs vietnamiens, les jeunes et les femmes, à acquérir les compétences et les connaissances nécessaires au renforcement des capacités et à l’amélioration de la compétitivité de leurs entreprises grâce à l’innovation et à la technologie. En effet, le Canada a lancé la « Women’s Initiative for Startups and Entrepreneurship » (WISE) au Vietnam. Il s’agit d’une initiative gérée par le consulat général du Canada au Vietnam en partenariat avec la Fondation Asie-Pacifique du Canada, qui soutient les femmes entrepreneures par le biais du mentorat et de la collecte de fonds.

Deuxièmement, le gouvernement du Vietnam devrait appeler à une plus grande participation des MPME au développement durable. Le secteur le plus important, qui représente 43 % des MPME vietnamiennes, est le secteur manufacturier. Parce que les MPME manufacturières sont davantage préoccupées par la survie et la maximisation des profits de leurs entreprises, elles ont tendance à négliger la protection de l’environnement. Pour pénétrer les marchés mondiaux, qui mettent de plus en plus l’accent sur la durabilité environnementale, les MPME vietnamiennes devront s’adapter pour faire de la durabilité une priorité absolue. L’augmentation des obligations en matière de protection de l’environnement améliorera l’accès du Vietnam aux chaînes de valeur mondiales et rendra les MPME du pays plus compétitives. Le Canada, qui est un éminent protecteur de l’environnement et possède un large éventail de stratégies de développement durable et de technologies vertes avancées, peut aider les MPME au Vietnam à élaborer des plans pour devenir écologiquement durables.  

Troisièmement, le Vietnam entre dans une ère d’industrialisation 4.0, dans laquelle l’automatisation s’infiltre dans le secteur manufacturier et l’intelligence artificielle (IA) incite les MPME à innover dans leur gestion d’entreprise. Cela représente à la fois une menace et une occasion pour les MPME. Une partie du problème réside dans les faibles compétences des employés. Seul un faible pourcentage de salariés est titulaire d’un diplôme universitaire ou collégial, ils sont donc mal préparés à s’adapter au changement. En outre, l’adoption de l’IA aide les MPME vietnamiennes à renforcer leur avantage concurrentiel en améliorant leur expertise analytique et en garantissant la qualité des données. Ainsi, les MPME peuvent remodeler leurs stratégies de marketing et la gestion de leur chaîne d’approvisionnement. Encore une fois, il y a maintenant un manque de talents en matière d’IA au Vietnam. En tant que promoteur actif du développement de l’IA, le Canada devrait aider les MPME vietnamiennes à améliorer leur adaptabilité et leur résilience.

Le Canada et le Vietnam entament un nouveau parcours, dans lequel les deux pays ont beaucoup à gagner. La trajectoire actuelle est la bonne. Soutenir le développement des MPME est la clé de l’amélioration du commerce et des investissements qui profiteront aux deux nations..

Les opinions exprimées ici sont celles de l’auteur et ne représentent pas nécessairement celles de la Fondation Asie Pacifique du Canada.

To Trieu Hai (Tracy) Ly
To Trieu Hai (Tracy) Ly

Tracy Ly est étudiante au cycle supérieur à l’École de politique publique et d’affaires mondiales de l’Université de la Colombie-Britannique, et ancienne membre du Conseil des jeunes Asie-Pacifique, une initiative de la FAP Canada.