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Le rôle des genres dans le développement des micro et petites entreprises en Indonésie : une analyse au niveau de l’entreprise

Publication: 27 mai, 2019

Dans cette étude, nous nous sommes penchés sur le rôle que jouent les genres au sein de la dynamique des micro et petites entreprises (MPE) en Indonésie. La scène commerciale des MPE en Indonésie est caractérisée par un degré élevé d’absence de formalité, impliquant souvent des membres de la famille non rémunérés et un taux élevé d’autres travailleurs temporaires non rémunérés. Cependant, comme les MPE sont essentiels pour permettre aux groupes à faibles revenus d’échapper à la pauvreté, nous reconnaissons le rôle important joué par les femmes qui travaillent dans l’écosystème des MPE à différents titres, comme propriétaire d’entreprise, employée, unique soutien de famille et source de revenus en plus des autres membres de la famille.

Points saillants
1
Réorienter les politiques existantes vers des interventions gouvernementales davantage axées sur le développement des compétences commerciales et le renforcement des capacités des femmes dans les MPE.
2
Renforcer les politiques et programmes gouvernementaux qui fournissent des informations sur le marché aux femmes dans les MPE.
3
Mettre en œuvre des services de développement des entreprises qui ciblent les femmes dans les MPE.

Une analyse descriptive montre que les femmes chefs d’entreprise sont plus nombreuses dans les provinces plus éloignées de l’épicentre des affaires en Indonésie (île de Java) et que leurs entreprises ont tendance à se concentrer dans des secteurs à forte intensité de main-d’œuvre comme le textile, l’alimentation et les vêtements. Les entreprises dirigées par des femmes emploient également un plus grand pourcentage de femmes. Nous avons constaté que les femmes très instruites sont souvent des employées plutôt que des propriétaires d’entreprises, ce qui indique peut-être que la main-d’œuvre féminine indonésienne est peu encline à prendre des risques lorsqu’il s’agit de créer sa propre entreprise.

Sur la base des résultats de régression, ce document montre que les entreprises détenues par des femmes ont une productivité et des marges bénéficiaires plus faibles, ainsi qu’une portée commerciale plus restreinte que celles détenues par des hommes. Toutefois, en ce qui concerne la structure de la main-d’œuvre, nous observons des tendances légèrement différentes. Alors qu’un grand nombre d’employés dans une entreprise est positivement associé à une portée commerciale plus large, il est associé de façon négative à la productivité et à la rentabilité d’une entreprise. De même, les entreprises qui comptent un pourcentage plus élevé de travailleuses ont une portée commerciale plus large. L’association positive entre le nombre total de travailleurs dans une entreprise (ainsi que le pourcentage de travailleuses) et la portée commerciale correspond à des études antérieures suggérant que les secteurs orientés vers l’exportation dans les pays en développement doivent travailler plus fort.

Nous avons également obtenu des résultats intéressants en ce qui concerne le profil financier des entreprises. Nous avons constaté qu’un niveau d’autofinancement plus élevé correspond à la mesure de la productivité d’une entreprise, mais a l’effet inverse sur la rentabilité et la portée commerciale. Les entreprises qui reçoivent des prêts bancaires sont plus productives et ont une portée commerciale plus large, mais sont moins rentables. Cependant, les crédits subventionnés comme le programme Kredit Usaha Rakyat (KUR) ne semblent pas avoir d’effet significatif sur la productivité, la rentabilité ou la portée commerciale d’une entreprise.

Un facteur sous-jacent à ces résultats est les différences structurelles dans la composition des entreprises dirigées par des hommes et des femmes, qui pourraient désavantager les entreprises dirigées par des femmes uniquement. Nous avons découvert que les femmes qui dirigent des entreprises sont moins enclines à développer leurs activités. En outre, si l’âge moyen d’une entreprise ne diffère pas beaucoup entre les entreprises dirigées par des hommes et celles dirigées par des femmes, les entreprises dirigées par des hommes comptent beaucoup plus de travailleurs et un total d’actifs plus élevé. De même, les revenus des entreprises dirigées par des hommes sont environ quatre fois plus élevés que ceux des entreprises dirigées par des femmes. Cette étude montre que les microentreprises fondées par des femmes sont motivées par la nécessité et non par l’opportunité. Bien qu’il n’y ait pas de statistiques disponibles pour expliquer les facteurs sous-jacents à ce résultat, ces constats indiquent leur existence.

« Reconnaître et comprendre les différences entre les hommes et les femmes entrepreneures, en particulier parmi les MPE, est une étape nécessaire pour réfléchir aux moyens de contribuer à l’autonomisation des femmes entrepreneures. »